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de la perte de son poste que de l’idée qu’on n’allait plus « être ensemble ». Les enfants reviendraient chez Monsieur, et Sylvanire avec eux inévitablement. Il le savait, s’y résignait d’avance, mais tout de même… Et comme l’heure sonnait à Saint-Jacques et qu’il ne voulait pas manquer son train, Romain prit congé, frisant ses petits yeux humides et résumant son gros chagrin à sa manière : « Cré cochon, monsieur Lorie !… »

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Chez les Magnabos, la vie de Mme Ebsen était bien triste, bien isolée. Henriette courait les couvents, les sacristies, très agitée par les fameux décrets sur les congrégations dont on annonçait l’exécution prochaine. La pauvre mère, n’osant pas sortir, se morfondait dans cette chambre que tous ses soins ne pouvaient rendre habitable, où sa turbulente compagne faisait dix fois par jour des entrées et des sorties d’ouragan. Quelle différence avec le petit logis clos de la rue du Val-de-Grâce ! Pas d’autre distraction que de déchiffrer la lézarde du mur… maladie… misère… ou d’aller passer une heure dans l’atelier du voisin.

Magnabos, de l’Ariège, gros homme, trapu,