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statuettes éclataient d’or et de coloriages d’autel. À côté, sous la même clef, la chambre d’Henriette dans laquelle on les fit entrer. Le désordre de cette petite pièce, le lit défait, chargé de journaux, ce couvert sur le bois de la table à côté de l’encrier, de feuilles surchargées d’une écriture désordonnée à larges éclaboussures, les gros grains du rosaire pendu à la glace au-dessus d’un petit Saint-Jean, son agneau blanc en collerette, ombré de poussières jamais secouées, disaient bien l’existence déroutée et bizarre, échouée dans cette espèce de cellule donnant sur une petite cour en entonnoir qui, le soir, s’éclairait par le sous-sol vitré et flamboyant de la boulangerie. En face de la croisée, à longueur de bras, un mur sinistre dont les effritements, les moisissures traçaient des hiéroglyphes réguliers facilement déchiffrables et disant de haut en bas, de long en large : maladie, misère… maladie, misère… misère et maladie.

« Tiens, c’est vous… Oh ! que c’est gentil… »

Henriette rentrait avec un pain et le petit plat que le boulanger lui mettait à cuire dans son four. Et tout de suite au courant, elle offrit sa chambre, son lit… Elle coucherait sur le divan, la ferait passer