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l’attaque directe à Mme Autheman, toujours le front levé vers l’orateur, sans qu’une rougeur monte à son teint de cire. La grande voix d’Aussandon tonne pourtant, et roule comme un orage de montagne répercuté par l’écho. Depuis longtemps le temple de l’Oratoire, habitué aux phrases arrondies, patinées, du cliché ecclésiastique, n’a entendu pareils accents hardis et simples, pareilles images de nature secouant dans la nef des aromes balsamiques, des murmures de frondaisons qui ramènent l’Écriture, le livre des nomades et du plein air, à sa grâce, à sa splendeur initiales.

Et de quel beau mépris il enveloppe, sans la nommer, l’Œuvre des Dames Évangélistes, et tous les pieux instituts du même genre, ce qu’il appelle les excroissances de l’arbre chrétien, les parasites qui le dévorent et l’étouffent ! Pour que l’arbre conserve sa force et sa sève, il faut tailler en plein dans ces végétations ; et il taille, le vieux prêtre, il fait un abattage terrible des témoignages publics, des représentations mystiques et extatiques, de ces séances d’Aïssa-Ouas ; non moins comiques mais plus féroces que les sabbats de cette « Armée du Salut » qui