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Ayraut, avocat au parlement de Paris, un savant et un sage, eut la douleur de perdre son fils unique, détourné par les Jésuites qui l’enrôlèrent dans leur ordre et plus jamais ne le laissèrent revoir aux siens. Le désespoir de ce père fut immense, si éloquent que le roi, le parlement, le pape même s’entremirent pour lui faire rendre son fils qui resta toujours introuvable. Pierre Ayraut écrivit alors son beau traité de l’Autorité Paternelle, puis se coucha et mourut, le cœur déchiré… À trois siècles de distance, des protestants, des chrétiens réformés viennent de renouveler cet abominable attentat… »

Ici l’aventure à grands traits, la disparition de l’enfant, l’incurable douleur de la mère. Oh ! celle-là n’a pas écrit de traité, elle n’a pas dérangé les rois ni les parlements. C’est une de ces humbles dont parle l’Écriture, n’ayant que ses larmes et les donnant toujours et toujours, à flots…

Jusque-là, pas une allusion qui désigne les coupables, aucune personnalité. On cherche, on doute encore. Mais quand il parle d’une femme au cœur impitoyable, s’abritant d’un nom respecté, d’une fortune colossale, chacun a compris