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été profondément peinée d’apprendre combien tu crains peu par tes détours et tes mensonges… »

Mme Ebsen sanglotait.

« Combien tu crains peu d’accuser injustement des personnes qui ne nous ont fait que du bien. Tu me mets ainsi dans l’impossibilité de te dire où le service de Dieu m’a envoyée et de t’exprimer tout le respect de ta fille bien affectionnée en Jésus. – Éline Ebsen. »

Après un silence : « Névrose religieuse… » dit Raverand d’une voix grave… « C’est Bouchereau qui soigne ça… »

Névrose, Bouchereau, des mots vides de sens pour la mère ; mais elle savait bien que sans les poisons qu’on lui faisait boire, jamais son enfant chérie ne lui aurait écrit une lettre pareille. Et surprenant le sourire incrédule de l’avocat, elle retourna ses poches encore une fois, lui tendit un papier tout chargé de formules chimiques, de noms d’alcaloïdes, hyoxanine, atropine, strychnine, et portant le timbre d’une des premières pharmacies de Paris. Depuis le départ d’Éline, elle avait trouvé dans ses tiroirs une boîte de pilules et un petit flacon contenant à l’analyse