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« Vous avez une dépêche pour moi, mère Blot !…

– Non, madame… y a que le journal… Mais comment ça se fait que vous voilà toute seule ? »

Elle n’eut pas la force de répondre, envahie des mille terreurs qui battaient son front à la fois. Éline était donc malade ? Mais on l’eût prévenue alors, si ce château avait pour habitants des êtres humains… Partir, courir les routes, la nuit, d’un temps pareil !… Il valait encore mieux attendre au lendemain matin… Quelle triste soirée, qui lui rappelait le retour de l’enterrement de grand’mère, la même sensation de vide et d’adieu, avec cette différence qu’Éline manquait et que Mme Ebsen était seule, décidément seule à porter son chagrin et les ressassements de son inquiétude.

Pas de lumière chez les Lorie… Depuis qu’il avait envoyé Sylvanire et les enfants à l’écluse, le pauvre homme ne rentrait plus que fort tard, car il évitait un voisinage devenu douloureux par le parti pris de la jeune fille de ne plus répondre à aucune de ses lettres, même à celle où il se soumettait et acceptait ses conditions orthodoxes, pour lui comme pour les siens. Et