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au-dessus du bureau, surveillant de ses yeux attentifs et de son sourire prêt aux gronderies le travail de l’excellent homme.

Tout de suite, sans trop de phrases, Lorie dit ce qui l’amenait. Il voulait se convertir, lui et ses enfants, à la religion réformée. Il y songeait depuis longtemps, et maintenant c’était pressé, très pressé. Qu’y avait-il à faire ?… Aussandon sourit doucement, le calma du geste. Pour les enfants, on n’avait qu’à les envoyer à « l’école du dimanche ». Lorie, lui, devait connaître à fond ses nouvelles croyances, étudier, comparer, s’habituer à juger et à voir de ses yeux, puisque cette religion de vérité et de lumière le permettait, le commandait à tous ses fidèles. Le doyen l’adresserait à un pasteur, car lui-même était vieux, fatigué… On ne l’eût pas dit à cette prestance fière, à cette parole solide qui déconcertait le flottant et faible Lorie… Oui, bien vieux, bien las, en haut de la côte !

Il y eut un silence et comme une gêne entre eux. Lorie détournait les yeux, un peu troublé de sa démarche. Le doyen, devant son bureau, regardait sa page blanche qui l’excitait à penser.