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mondain de sa toilette aux couleurs sombres, soie et jais, en face des franges éperdues de la brave femme.

« Madame vient peut-être pour les Entretiens ?… C’est qu’Éline n’a pas tout à fait fini… La pauvre petite n’a que ses soirées… » Et la voilà racontant la vie laborieuse de sa fille, ses courses, ses leçons, son obstination à vouloir tout faire elle-même. « Comme elle dit toujours : Tu as assez travaillé, maman, il faut que tu te reposes… Ah ! c’est une enfant, voyez-vous… »

Ce « voyez-vous » ponctué par deux grosses larmes en dit plus long que la phrase qu’elle cherchait et que la femme du banquier semblait chercher aussi aux angles du petit salon dont son œil clair faisait le tour minutieusement.

« Que gagne votre fille avec ses leçons ?… » demanda-t-elle, quand la mère eut fini de parler.

« Oh ! c’est selon, madame… »

Il y avait des mortes-saisons, les eaux, les bains de mer, les villégiatures lointaines que Line refusait toujours pour ne pas la laisser seule. Justement elle était en train d’examiner