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déjà de l’installation et du trousseau. Éline avait beau dire : « plus tard… nous avons le temps… » La mère, sans se préoccuper du peu d’entrain de la fiancée, ayant fait elle-même un mariage de tranquille raison, remuait ses armoires, dépliait ses draps, triait dans un tas de vieilles reliques les bijoux qu’elle donnerait à son enfant : une broche ornée du portrait du père, un rang de perles, de ces parures montées en filigrane, comme on en porte aux pays du Nord. Elle aunait des dentelles, combinant, cherchant à en tirer le meilleur parti :

« Vois donc, Linette, j’ai pour les manches… si nous trouvions la pareille pour le cou… c’est ça qui serait joli, ta robe de noces garnie de bruges… »

Puis elle courait les magasins, pour se monter en linge, en vaisselle, car les deux ménages vivraient ensemble, et il ne fallait pas beaucoup compter sur l’apport du rez-de-chaussée. Elle était allée faire un tour par là, voir un peu avec Sylvanire ce qui manquait ; et, dam ! c’était comme dans ces pays neufs dont parlait Lorie… beaucoup de place et tout à faire !… Mais, avec de l’économie bien entendue, les leçons et les