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à la sortie desquelles les élèves trouvaient une position conforme à leurs aptitudes.

Il eût fallu des convictions religieuses bien arrêtées, et comme il ne s’en trouve guère parmi nos paysans, pour résister à tant d’avantages. Quelques enfants vinrent d’abord, les parents prirent l’habitude de les accompagner le dimanche aux assemblées ; et Mme Autheman, après avoir suffi toute seule à un « culte de famille », s’adjoignit un pasteur de Corbeil, âgé et timide, qui faisait les communions, les mariages, les enterrements, mais ne fut jamais qu’un sous-ordre. Jeanne, très autoritaire, gardant la suprême direction de son église et de ses écoles. Quand ce vieillard mourut, au bout de quelques années, elle eut beaucoup de peine à le remplacer malgré sa grande fortune et son crédit auprès du consistoire parisien. Les pasteurs se succédaient à Petit-Port, vite lassés du rôle de « lecteur » ou de sacristain auquel on les réduisait, jusqu’au jour où elle rencontra M. Birk, de l’église scandinave, vrai mercenaire, prêt à tout, sachant juste assez de français pour lire la bible et faire les cérémonies.

Jeanne se réserva le prêche, l’interprétation des