Page:Daudet - Jack, II.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élevés dans la liberté de la pleine nature. La pâleur de la plupart, leurs yeux rouges ou mal ouverts, racontaient des misères de ville, des étouffements de quartiers pauvres et de maisons malsaines.

— Quels sont donc ces enfants ? demanda le poëte.

— Ah ! monsieur n’est pas d’ici ?… Ce sont des colons de Mettray… La colonie est là. »

Et le surveillant montrait à d’Argenton un groupe de maisons blanches, régulières et neuves sur le coteau en face. Le poëte connaissait de nom le célèbre établissement pénitentiaire ; mais il n’en savait ni la règle ni les conditions d’admission. Il questionna cet homme, disant qu’il était intimement lié avec une famille que son unique fils venait de plonger dans l’affliction.

— Envoyez-le-nous, dès qu’il sortira de prison.

— C’est que, dit d’Argenton avec une nuance de regret, je ne crois pas qu’il y aille. Les parents ont pu éviter en rendant l’argent…

— Dans ce cas nous ne pourrions pas l’admettre. Nous ne prenons que les jeunes détenus. Mais nous avons un établissement annexe, la Maison paternelle, qui est une application du régime cellulaire à la jeunesse.

— Ah ! vraiment ?… Le régime cellulaire ?

— Et qui vient à bout des natures les plus mauvaises… Du reste, j’ai là quelques brochures. Si monsieur voulait en prendre connaissance ?

D’Argenton accepta, donna quelque monnaie pour