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excellentes gens faisaient encore un effort, achetaient à Ribarot une blouse de travail, une salopette. Un beau matin il partait avec du linge frais blanchi, un nœud de cravate fait par madame Bélisaire, et ne se montrait plus pendant huit jours, au bout desquels on le retrouvait endormi dans sa niche, dépouillé de la plupart de ses vêtements, n’ayant sauvé du désastre que son marteau et l’éternel tablier de cuir. Après plusieurs frasques de ce genre, on n’attendait plus qu’une occasion pour se défaire de cet intrus qui, au lieu d’être un soulagement pour le ménage, devenait un fardeau très lourd. Bélisaire lui-même était obligé d’en convenir, et souvent il venait se plaindre de Ribarot à son ami Jack, qui mieux que personne comprenait son chagrin, car lui aussi s’était donné un camarade terriblement incommode, mais un camarade dont il ne pouvait pas se plaindre. Il l’aimait bien trop pour cela !…