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– Oui, oui, tu as raison, mon vieux, disait Risler en marchant à grands pas dans la salle basse, il ne faut plus que je pense à cette femme. C’est comme une morte pour moi maintenant. Je n’ai plus que mon petit Frantz au monde… Je ne sais pas encore si je le ferai revenir ou si j’irai le rejoindre ; ce qu’il y a de sûr, c’est que nous allons rester ensemble… Moi qui désirais tant avoir un fils. Le voilà tout trouvé, mon fils. Je n’en veux pas d’autre. Quand je pense que j’ai eu un instant l’idée de mourir… Allons donc ! Elle en serait bien trop heureuse, madame Chose, là bas ! Je veux vivre, au contraire, vivre avec mon Frantz, et rien que pour lui.

– Bravo ! dit Sigismond, voilà comme je voulais te voir.

À ce moment, mademoiselle Planus vint annoncer que la chambre était prête. Risler s’excusait du dérangement qu’il lui causait.

– Vous êtes si bien, si heureux ici… C’est vraiment dommage de vous apporter ma tristesse.

– Eh ! mon vieux, tu peux te faire un bonheur semblable au nôtre, dit le brave Sigismond en rayonnant… J’ai ma sœur, tu as ton frère. Qu’est-ce qu’il nous manque ?

Risler eut un vague sourire. Il se voyait déjà installé avec Frantz dans une petite maison tranquille et quakeresse comme celle-ci. Décidément le père Planus avait eu une bonne idée.

– Viens te coucher, dit-il d’un air triomphant… Nous allons te montrer ta chambre.

La chambre de Sigismond Planus était une pièce au