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Risler au jardin, à l’heure du déjeuner, et voulut lui annoncer elle-même cette bonne nouvelle.

Pour le coup il eut un sourire d’orgueil qui détendit son visage vieilli et assombri. Sa vanité d’inventeur, la fierté de sa gloire, surtout l’idée de réparer aussi superbement le mal fait par sa femme à la maison, lui donnèrent une minute de vrai bonheur. Il serra les mains de Claire, et murmura comme aux heureux jours d’autrefois.

– Je suis content… Je suis content…

Mais quelle différence d’intonation ! c’était dit sans entrain, sans espérance, avec une satisfaction de tâche accomplie, et rien de plus. La cloche sonna pour le retour des ouvriers, et Risler remonta tranquillement se mettre à l’ouvrage comme les autres jours.

Au bout d’un moment, il redescendit. Malgré tout, cette nouvelle l’avait plus agité qu’il ne voulait le laisser paraître. Il errait dans le jardin, rôdait autour de la caisse, souriant tristement au père Planus à travers les vitres.

– Qu’est-ce qu’il a ? se demandait le vieux bonhomme… Qu’est-ce qu’il me veut ?

Enfin, le soir venu, au moment de fermer le bureau, l’autre se décida à entrer et à lui parler.

– Planus, mon vieux, je voudrais… Il hésita un peu.

– Je voudrais que tu me donnes… la lettre, tu sais, la petite lettre, avec le paquet.

Sigismond le regarda, stupéfait. Naïvement, il s’était