Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

Madame Fromont s’éloignait, se défendait.

– Non, non, Risler, pas cela.

– Il le faut, dit Risler implacable… Restitution, réparation… À genoux, donc, misérable !…

Et d’un mouvement irrésistible il jeta Sidonie aux pieds de Claire, puis, la tenant toujours par le bras :

– Vous allez répéter avec moi et mot pour mot ce que je vais dire : « Madame… »

Sidonie, à demi morte de peur, répéta doucement. « Madame… »

– Toute une vie d’humilité, de soumission…

– Toute une vie d’humil… Eh bien, non, je ne peux pas,… fit-elle en se redressant d’un élan de bête fauve.

Et, débarrassée de l’étreinte de Risler, par cette porte ouverte qui la tentait depuis le commencement de cette scène affreuse, l’attirait au noir de la nuit et à la liberté de la fuite, elle partit en courant, sous la neige qui tombait et le vent qui fouettait ses épaules nues.

– Arrêtez-la, arrêtez-la… Risler, Planus, je vous en prie… Par pitié, ne la laissez pas partir ainsi…

Planus fit un pas vers la porte.

Risler le retint.

– Je te défends de bouger, toi… Je vous demande bien pardon, madame, mais nous avons à traiter des affaires autrement importantes que celle-là. Il ne s’agit plus de madame Risler ici… Nous avons à sauver l’honneur de la maison Fromont, le seul en jeu, le seul qui m’occupe en ce moment… Allons, Planus, à ta caisse, et faisons nos comptes.

Sigismond lui tendit la main.