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qu’il y avait fait. À mesure qu’il parlait, il se sentait le cœur plus libre, cela le soulageait de s’accuser… Le père de Stenne écoutait, avec une figure terrible. Quand ce fut fini, il cacha sa tête dans ses mains et pleura.

« Père, père !… » voulut dire l’enfant.

Le vieux le repoussa sans répondre, et ramassa l’argent.

« C’est tout ? » demanda-t-il.

Le petit Stenne fit signe que c’était tout. Le vieux décrocha son fusil, sa cartouchière, et, mettant l’argent dans sa poche :

« C’est bon, dit-il, je vais le leur rendre. »

Et, sans ajouter un mot, sans seulement retourner la tête, il descendit se mêler aux mobiles qui partaient dans la nuit. On ne l’a jamais revu depuis.

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