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pour son ami Meyerbeer. Le maître, quand il mourut, était en train d’écrire la musique des chœurs. C’est, comme vous voyez, un vrai cadeau que le brave homme voulait me faire.

Malheureusement, quelques jours après son départ, la guerre éclatait en Allemagne, et je n’entendis plus parler de ma tragédie. Les Prussiens ayant envahi le Wurtemberg et la Bavière, il était assez naturel que dans son émoi patriotique et le grand désarroi d’une invasion, le colonel eût oublié mon Empereur aveugle. Mais moi, j’y pensais plus que jamais ; et, ma foi ! un peu l’envie de ma tragédie japonaise, un peu la curiosité de voir de près ce que c’était que la guerre, l’invasion, — ô Dieu ! j’en ai maintenant toute l’horreur dans la mémoire, — je me décidai un beau matin à partir pour Munich.

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