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Oh ! pendant que le grand soleil se couchait là-bas et qu’ils s’en allaient tous, harassés, allongeant leurs ombres sur les mottes de terre et les sentiers humides de la rosée du soir, comme je les maudissais, comme je les détestais, hommes et bêtes, toute la bande !… Ni mon compagnon ni moi n’avions le courage de jeter comme à l’ordinaire une petite note d’adieu à ce jour qui finissait.

Sur notre route nous rencontrions de malheureuses petites bêtes, abattues par un plomb de hasard, et restant là abandonnées aux fourmis ; des mulots, le museau plein de poussière ; des pies ; des hirondelles foudroyées dans leur vol, couchées sur le dos et tendant leurs petites pattes raides vers la nuit qui descendait vite comme elle fait en automne, claire et mouillée. Mais le plus navrant de tout, c’était d’entendre, à la lisière du bois, au bord du pré, et là-bas dans l’oseraie de la rivière, des appels anxieux, tristes, disséminés, auxquels rien ne répondait.

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