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Je le suivis, à moitié endormi, en me coulant entre les mottes de terre, sans voler, sans presque sauter, comme une souris. Nous allions du côté du bois ; et je vis, en passant, qu’il y avait de la fumée à la cheminée de la petite maison, du jour aux fenêtres, et devant la porte ouverte, des chasseurs tout équipés, entourés de chiens qui sautaient. Comme nous passions, un des chasseurs cria :

« Faisons la plaine ce matin, nous ferons le bois après déjeuner. »

Alors je compris pourquoi mon vieux compagnon nous emmenait d’abord sous la futaie. Tout de même le cœur me battait, surtout en pensant à nos pauvres amis.

Tout à coup, au moment d’atteindre la lisière, les chiens se mirent à galoper de notre côté…

« Rase-toi ! Rase-toi ! » me dit le vieux en se baissant ; en même temps, à dix pas de nous, une caille effarée ouvrit ses ailes et son bec tout grands, et s’envola avec un cri de peur. J’entendis un bruit formidable, et nous fûmes entourés par une poussière d’une odeur étrange, toute blanche et toute chaude, bien que le soleil fût à peine levé. J’avais si peur que je ne pouvais courir. Heureusement nous entrions dans le bois. Mon camarade se blottit derrière un petit chêne, je vins me mettre