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LES TROIS SOMMATIONS



Aussi vrai que je m’appelle Bélisaire et que j’ai mon rabot dans la main en ce moment, si le père Thiers s’imagine que la bonne leçon qu’il vient de nous donner aura servi à quelque chose, c’est qu’il ne connaît pas le peuple de Paris. Voyez-vous, monsieur, ils auront beau nous fusiller en grand, nous déporter, nous exporter, mettre Cayenne au bout de Satory, bourrer les pontons comme des barils à sardines, le Parisien aime l’émeute, et rien ne pourra lui enlever ce goût-là ! On a ça dans le sang. Qu’est-ce que vous voulez ? Ce n’est pas tant la politique qui nous amuse, c’est le train qu’elle fait : les ateliers fermés, les rassemblements, la flâne, et puis encore quelque chose en plus que je ne saurais vous dire.