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vous le dire ? — c’était Tartarin, le grand Tartarin de Tarascon, qui s’en allait le long des quais, suivi de ses caisses d’armes, de sa pharmacie, de ses conserves, rejoindre l’embarcadère de la compagnie Touache, et le paquebot le Zouave, qui devait l’emporter là-bas.

L’oreille encore pleine des applaudissements tarasconnais, grisé par la lumière du ciel, l’odeur de la mer, Tartarin rayonnant marchait, ses fusils sur l’épaule, la tête haute, regardant de tous ses yeux ce merveilleux port de Marseille qu’il voyait pour la première fois, et qui l’éblouissait… Le pauvre homme croyait rêver. Il lui semblait qu’il s’appelait Sinbad le Marin, et qu’il errait dans une de ces villes fantastiques comme il y en a dans les Mille et une Nuits.

C’était à perte de vue un fouillis de mâts, de vergues, se croisant dans tous les sens.