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corps perdu, il nage de conserve vers le Zouave, avec son dos bombé, qui flotte comme une gourde, et son grand col, dressé sur l’eau en éperon de trirème.

Barque et chameau viennent ensemble se ranger aux flancs du paquebot.

— À la fin, il me fait peine ce dromadaire ! dit le capitaine Barbassou tout ému, j’ai envie de le prendre à mon bord… En arrivant à Marseille, j’en ferai hommage au jardin zoologique.

On hissa sur le pont, à grand renfort de palans et de cordes, le chameau, alourdi par l’eau de mer, et le Zouave se mit en route.

Les deux jours que dura la traversée, Tartarin les passa tout seul dans sa cabine, non pas que la mer fût mauvaise, ni que la chechia eût trop à souffrir, mais le diable de chameau, dès que son maître apparais-