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lion avait été tué sur le territoire militaire, d’autre part, Tartarin, lorsqu’il tira, se trouvait sur le territoire civil. L’affaire se jugea donc au civil et notre héros en fut quitte pour deux mille cinq cents francs d’indemnité, sans les frais.

Comment faire pour payer tout cela ? Les quelques piastres échappées à la razzia du prince s’en étaient allées depuis longtemps en papiers légaux et en absinthes judiciaires. Le malheureux tueur de lions fut donc réduit à vendre la caisse d’armes au détail, carabine par carabine. Il vendit les poignards, les kriss malais, les casse-tête… Un épicier acheta les conserves alimentaires. Un pharmacien, ce qui restait du sparadrap. Les grandes bottes elles-mêmes y passèrent et suivirent la tente-abri perfectionnée chez un marchand de bric-à-brac, qui les éleva à la hauteur de curiosités cochinchinoises… Une