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fait… Le lion avait deux balles explosibles dans la tête… Pendant une minute, sur le fond embrasé du ciel africain, ce fut un feu d’artifice épouvantable de cervelle en éclats, de sang fumant et de toison rousse éparpillée. Puis tout retomba et Tartarin aperçut… deux grands nègres qui couraient sur lui, la matraque en l’air. Les deux nègres de Milianah !

Ô misère ! c’était le lion apprivoisé, le pauvre aveugle du couvent de Mohammed que les balles tarasconnaises venaient d’abattre.

Cette fois, par Mahom ! Tartarin l’échappa belle. Ivres de fureur fanatique, les deux nègres quêteurs l’auraient sûrement mis en pièces, si le Dieu des chrétiens n’avait envoyé à son aide un ange libérateur, le garde-champêtre de la commune d’Orléansville