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à Son Altesse de ne pas s’éloigner, et, par mesure de précaution, il lui confia son portefeuille, un gros portefeuille plein de papiers précieux et de billets de banque, qu’il craignait de faire écornifler par la griffe du lion. Ceci fait, le héros chercha son poste.

Cent pas en avant du marabout, un petit bois de lauriers-roses tremblait dans la gaze du crépuscule, au bord d’une rivière presque à sec. C’est là que Tartarin vint s’embusquer, le genou en terre, selon la formule, la carabine au poing et son grand couteau de chasse planté fièrement devant lui dans le sable de la berge.

La nuit arriva. Le rose de la nature passa au violet, puis au bleu sombre… En bas, dans les cailloux de la rivière, luisait comme un miroir à main une petite flaque d’eau claire. C’était l’abreuvoir des fauves. Sur la