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des lions par centaines, et les envoient de là dans toute l’Afrique septentrionale, accompagnés de frères quêteurs… Les dons que reçoivent les frères servent à l’entretien du couvent et de sa mosquée ; et si les deux nègres ont montré tant d’humeur tout à l’heure, c’est qu’ils ont la conviction que pour un sou, un seul sou de la quête, volé ou perdu par leur faute, le lion qu’ils conduisent les dévorerait immédiatement.

En écoutant ce récit invraisemblable et pourtant véridique, Tartarin de Tarascon se délectait et reniflait l’air bruyamment.

— Ce qui me va dans tout ceci, fit-il en matière de conclusion, c’est que, n’en déplaise à mon Bombonnel, il y a encore des lions en Algérie !…

— S’il y en a ! dit le prince avec enthousiasme… Dès demain, nous allons battre la plaine du Chéliff, et vous verrez !…