Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

repos. Et puis, s’il faut tout dire, depuis sa mésaventure avec Bombonnel, le loyal Tarasconnais se sentait mal à l’aise, malgré ses armes, sa moue terrible, son bonnet rouge, devant le photographe d’Orléansville et les deux demoiselles du 3e hussards.

Il se dirigea donc à travers les larges rues de Milianah, pleines de beaux arbres et de fontaines ; mais, tout en cherchant un hôtel à sa convenance, le pauvre homme ne pouvait s’empêcher de songer aux paroles de Bombonnel… Si c’était vrai pourtant ! S’il n’y avait plus de lions en Algérie !… À quoi bon alors tant de courses, tant de fatigues ! …

Soudain, au détour d’une rue, notre héros se trouva face à face… avec qui ! devinez… avec un lion superbe, qui attendait devant la porte d’un café, assis royalement sur son train de derrière, sa crinière fauve dans le soleil.