Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

péenne retrouvée en pleine Afrique, lui rappelait vaguement le Tarascon de sa jeunesse, des courses dans la banlieue, de petits dîners au bord du Rhône, une foule de souvenirs…

Peu à peu la nuit tomba. Le conducteur alluma ses lanternes… La diligence rouillée sautait en criant sur ses vieux ressorts ; les chevaux trottaient, les grelots tintaient… De temps en temps, là-haut, sous la bâche de l’impériale, un terrible bruit de ferraille… C’était le matériel de guerre.

Tartarin de Tarascon, aux trois quarts assoupi, resta un moment à regarder les voyageurs comiquement secoués par les cahots, et dansant devant lui comme des ombres falotes, puis ses yeux s’obscurcirent, sa pensée se voila, et il n’entendit plus que très vaguement geindre l’essieu des roues, et les flancs de la diligence qui se plaignaient…