Page:Daudet - Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pays qu’un vieux coquin de lièvre, échappé comme par miracle aux septembrisades tarasconnaises et qui s’entête à vivre là ! À Tarascon, ce lièvre est très connu. On lui a donné un nom. Il s’appelle le Rapide. On sait qu’il a son gîte dans la terre de M. Bompard — ce qui, par parenthèse, a doublé et même triplé le prix de cette terre — mais on n’a pas encore pu l’atteindre.

À l’heure qu’il est même, il n’y a plus que deux ou trois enragés qui s’acharnent après lui.

Les autres en ont fait leur deuil, et le Rapide est passé depuis longtemps à l’état de superstition locale, bien que le Tarasconnais soit très peu superstitieux de sa nature et qu’il mange les hirondelles en salmis, quand il en trouve.

Ah çà ! me direz-vous, puisque le gibier est si rare à Tarascon, qu’est-ce que les