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raissait découpant son ombre blanche dans le bleu profond de la nuit, et chantant la gloire d’Allah avec une voix merveilleuse qui remplissait l’horizon.

Aussitôt Baïa lâchait sa guitare, et ses grands yeux tournés vers le muezzin semblaient boire la prière avec délices. Tant que le chant durait, elle restait là, frissonnante, extasiée, comme une sainte Thérèse d’Orient… Tartarin, tout ému, la regardait prier et pensait en lui-même que c’était une forte et belle religion, celle qui pouvait causer des ivresses de foi pareilles.

Tarascon, voile-toi la face ! ton Tartarin songeait à se faire renégat.