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rasé à la pierre ponce, constellé d’ordres bizarres, il avait l’œil futé, le geste câlin et un accent vaguement italien qui lui donnait un faux air de Mazarin sans moustaches ; très ferré d’ailleurs sur les langues latines, et citant à tout propos Tacite, Horace et les Commentaires.

De vieille race héréditaire, ses frères l’avaient, paraît-il, exilé dès l’âge de dix ans, à cause de ses opinions libérales, et depuis il courait le monde pour son instruction et son plaisir, en Altesse philosophe… Coïncidence singulière ! Le prince avait passé trois ans à Tarascon, et comme Tartarin s’étonnait de ne l’avoir jamais rencontré au cercle ou sur l’esplanade : « Je sortais peu… » fit l’Altesse d’un ton évasif. Et le Tarasconnais, par discrétion, n’osa pas en demander davantage. Toutes ces grandes existences ont des côtés si mystérieux !…