Le déluge et la nuit aux âmes sont présents ;
Un crépuscule hâtif élargit le mystère ;
On ne reconnaît plus ni le ciel ni la terre :
L’ancien monde est peut-être au terme de ses ans.
Le vol d’un pigeon blanc ajoute à la légende ;
Il se débat, perdu dans le nuage noir,
Cherchant l’abri, le toit à rebords du manoir,
Mais le vent le rejette, et sa détresse est grande !
Plus d’oiseaux, hors celui que l’arche fit partir
Vers les monts submergés de la vieille Arménie.
Plus de chansons : l’averse est la seule harmonie
Du baptême sans fin qui veut tout engloutir.
Mais depuis l’horizon, et par-dessus la Loire,
L’arc-en-ciel se dessine en un pont fabuleux,
Mélangeant ses rayons rubis, orange et bleus.
En cordages flottants, en mirage de gloire !
Page:Daudet - Au bord des terrasses, 1906.djvu/54
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
AU BORD DES TERRASSES