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AU BORD DES TERRASSES


Toi dans ta robe blanche, et moi de noir vêtue,
Image de nos jours, unis mais différents,
Nous avons écouté cette voix qui s’est tue
Et laissa dans nos cœurs de longs échos vibrants.

Nous avons accoudé nos rêves aux terrasses ;
Je regardais mourir le flot après le flot,
Tu suivais les oiseaux dans les profonds espaces.
Si j’abaissais mes yeux, les tiens regardaient haut ;

Et notre marche, aussi, montrait en différence
L’élan de ta jeunesse et mes pas ralentis ;
Tu refaisais deux fois la pareille distance,
Allant et revenant, écartant les taillis.

Souviens-toi de l’été qui pose sa guirlande
Sur les murs gris : prodigue et longue Fête-Dieu ;
De l’allée où, petite enfant, tu devins grande,
Sous les chênes en dôme, à peine un peu plus vieux ;