Page:Daudet - Au bord des terrasses, 1906.djvu/102

Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
AU BORD DES TERRASSES

Dans la vaste forêt, mère des continents !
Elle couvrait tous les pays environnants
Et le long des moissons comme au bord des clairières,
On voit des genêts d’or mêlés à des bruyères.

Mais l’allée aux chevreuils s’écarte en s’abaissant.
L’horizon apparaît alors, éblouissant,
Aux plans superposés, variant l’atmosphère
Du bleu pâle du fleuve à la vive lumière.
Les coteaux ont le voile en brume des lointains.
Un château s’y devine aux contours incertains,
Perdu dans le feuillage ; un autre, en sa clôture.
Laisse voir des frontons de vieille architecture,
Des tourelles sortant des jasmins enlacés :
C’est un domaine au nom de grands exploits passés ;
Une bataille fut célèbre à cette place.
Puis une favorite, abusant de sa grâce,
Y fit dresser le pont-levis devant un roi.
Les temps sont apaisés, nivelés, sans émoi.
Du haut du colombier un oiseau nous regarde.
Et, tirant sur sa laisse, un chien seul fait la garde.