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du rez-de-chaussée littéraire du Temps. L’exposé, par Souday, du roman de Bernanos, ressemble à un tuyau de cheminée oublié, dans une cour pluvieuse, au crépuscule d’un jour d’hiver. Il est vide, visqueux et noir. Ce critique pour huguenots purgés en conclut que Bernanos n’a pas de génie. Parbleu ! Henri Heine parle quelque part des critiques qui empailleraient le clair de lune. Souday, lui, empaille le soleil, qu’il soit de Satan ou « des morts », et il est arrivé à faire de Victor Hugo une espèce de « gayant » démocratique du plus burlesque effet ; de Voltaire un tenancier de chalet de laïcité ; et de Renan un gardien de musée du suffrage universel. Le tout sous le signe philosophique de Raspail, et littéraire de Gustave Planche. Une seule phrase est à retenir du fatras de ce sulfate de Souday, parce qu’elle s’applique à lui merveilleusement, et la voici : « Il n’y a de vraiment redoutable que la sottise. » Loqueris ! [1]

Nous vivons à une époque de déména-

  1. C’est-à-dire, en français, « tu parles ! ». Le latin, dans les mots, brave la politesse.