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LES ROIS EN EXIL

retenu sur l’une d’elles par des attaches enrubannées. À l’un des angles de la vaste pièce, une encoignure du même temps soutenait dans une boîte transparente le diadème sauvé du naufrage. Frédérique avait voulu qu’il fût là : « pour qu’on se souvienne ! » disait-elle. Et malgré les railleries de Christian, qui trouvait cela rococo, musée des souverains en diable, le splendide joyau du moyen âge aux pierreries étincelantes dans le vieil or gaufré et repercé, jetait une note d’antique chevalerie au milieu de la coquetterie du dix-huitième siècle et du goût multiple du nôtre.

Le roulement sur le sable d’une voiture familière annonça l’arrivée de l’aide de camp. Enfin, c’était toujours quelqu’un.

— Comme vous venez tard aux ordres, Herbert, fit le duc avec gravité.

Le prince, quoique grand garçon, toujours tremblant devant son père, rougit, bégaya quelques excuses… Désolé… pas sa faute… service toute la nuit.

— C’est donc pour cela que le roi n’est pas encore descendu ? dit la princesse approchant son petit nez fin du dialogue des deux hommes. Un regard sévère du duc lui ferma la bouche. La conduite du roi ne regardait personne.

— Montez vite, monsieur, Sa Majesté doit vous attendre.

Herbert obéit après avoir essayé d’obtenir