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tous Anglais, arpentant à pas comptés la galerie du pourtour, on se serait cru dans quelque manège, pendant la répétition des gymnastes et des clowns. Parmi ces clowns, monseigneur le prince d’Axel, à qui l’on avait ordonné le noble exercice de la paume comme hygiénique à son coma, pouvait compter pour un des plus bruyants. Arrivé la veille de Nice où il venait de passer un mois aux pieds de Colette, cette partie était sa rentrée dans la vie parisienne, et il envoyait la balle avec des « han ! » de garçon boucher, des détentes de bras à faire l’admiration d’un abattoir, quand on vint l’avertir au plus beau du jeu qu’il y avait là quelqu’un pour lui.

— Zut ! répondit le présomptif sans même tourner la tête.

Le domestique insista, dit un nom à l’oreille de monseigneur, qui se calma, un peu étonné.

— C’est bon… priez d’attendre… J’y vais, sitôt le coup fini…

Rentré dans une de ces cabines de bains froids, qui font le tour de la galerie, meublées de bambou, coquettement tendues de nattes japonaises, il trouva son ami Rigolo accroupi sur un divan, la tête basse.

— Oh ! mon prince, quelle aventure… fit l’ex-roi d’Illyrie, en levant un visage bouleversé.

Il s’arrêta à la vue du garçon chargé de ser-