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LES ROIS EN EXIL

dans ce galetas, venait le visiter souvent. Sitôt après la catastrophe, il était accouru, la bourse ouverte, chercher comme autrefois « des idées sur les choses. — Mon oncle, je n’en ai plus… » avait répondu Méraut découragé. Et pour le tirer de son apathie, l’oncle parlait de l’envoyer dans le Midi, à Nice, partager la somptueuse installation de Colette et de son petit W.

— Il ne m’en coûterait pas davantage, disait-il naïvement, et cela vous guérirait.

Mais Élisée ne tenait pas à guérir, voulant terminer son livre à la place même où il avait germé, dans ces profondes rumeurs parisiennes où chacun entend la dominante qui lui convient. Pendant qu’il écrivait, Sauvadon, assis au pied du lit, rabâchait de sa jolie nièce, s’irritait contre ce vieux toqué de général en train de vendre son hôtel de l’île Saint-Louis.

— Je vous demande un peu ce qu’il peut faire de tout cet argent ?… Il doit l’entasser dans des trous, en petits tas… Après tout, ça le regarde… Colette est assez riche pour se passer de lui…

Et le marchand de vin tapait, à l’endroit du gousset, sur son petit ventre tendu comme une sacoche.

Une autre fois, en jetant sur le lit le paquet de journaux qu’il apportait à Élisée :

— Il paraît qu’on se remue en Illyrie… Ils viennent d’envoyer à la diète de Leybach une