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— Il prétend cependant que vous êtes d’anciens amis… Tenez, le voilà…

Ce marquis de Hezeta était le chef qui, en l’absence du vieux général de Rosen, devait commander l’expédition. Il avait montré dans le dernier coup de main du duc de Palma d’étonnantes qualités de chef de corps, et jamais, si l’on eût écouté, l’échauffourée n’aurait eu sa fin piteuse. Quand il vit ses efforts perdus et que le prétendant lui-même donnait l’exemple et le signal de la fuite, le cabecilla, pris de lassitude et de misanthropie, se jeta en pleines montagnes basques, y vécut à l’abri des conspirations enfantines, des fausses espérances, des coups d’épée dans l’eau qui épuisaient ses forces morales. Il voulait mourir obscur dans sa patrie, mais devait être tenté encore une fois aux aventures par le royalisme entraînant du Père Alphée et le renom de bravoure de Christian II. L’ancienne noblesse du partisan, son existence romanesque, toute d’exils, de persécutions, de grands coups d’éclat, ses cruautés de fanatique, entouraient le marquis José Maria de Hezeta d’un intérêt presque légendaire, en faisaient le personnage de la soirée.

— Bonjour, Eli…, dit-il en s’avançant vers Élisée, la main tendue, et l’appelant de son nom d’enfant, du temps de l’enclos de Rey… Eh ! oui, c’est moi… C’est ton vieux maître… monsieur Papel.