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de roses et d’amours en escalade ne reflétant jamais que son image indolente et ennuyée de tout le fade sentiment que le roi consume à ses pieds, comme des parfums à migraines fumant sur des coupes d’or. Ah ! qu’elle donnerait vite toute cette vie princièrement triste pour le petit sous-sol de la rue Royale, avec son pitre en face d’elle exécutant la gigue des Grands Coups ! À peine seulement si elle peut lui écrire, le tenir au courant de l’affaire et de ses progrès.

Aussi comme elle est heureuse ce soir, comme elle se serre contre lui, l’excite, le monte : « Allons, fais-moi rire. » Et Tom s’agite beaucoup ; mais sa verve n’est pas franche et retombe à chaque élan dans une pensée gênante, qu’il ne dit pas, que je vous donne en mille à deviner. Tom Lévis est jaloux. Il sait qu’il ne peut y avoir rien encore entre Christian et Séphora, que celle-ci est bien trop adroite pour s’être donnée sans garantie ; mais le moment psychologique est proche : sitôt le papier signé, il faudra qu’on s’exécute ; et ma foi ! notre ami Tom sent des troubles, des inquiétudes bien étranges chez un homme dénué de toute superstition, de tout enfantillage. Il lui court des petits froids fiévreux et peureux en regardant sa femme qui ne lui a jamais paru si jolie, avec un montant d’apprêt, de toilette, et ce titre de comtesse, qui semble polir ses traits,