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LES ROIS EN EXIL

un roulement confus, perpétuel, qui, par instant, faisait craquer les cloisons et trembler les vitres, enveloppait la maison du sol au faîte, diminuait pour se renouveler, augmentait tout à coup pour fuir dans des étendues de bruit semblable.

— Ce n’est rien… C’est Paris, mon fils… Dormez.

Et ce petit tombé du trône, à qui l’on avait parlé de Paris comme du refuge, se rendormit avec confiance, bercé par la ville des révolutions.

Quand la reine et la princesse revinrent au salon, elles y trouvèrent une femme jeune et de fort grand air causant debout avec le roi. Le ton familier de l’entretien, la distance respectueuse où se tenait le reste de l’auditoire, indiquaient que c’était là un personnage d’importance. La reine eut un cri ému :

— Maria !

— Frédérique !

Et le même élan de tendresse les jeta dans leurs bras ouverts. À une muette interrogation de sa femme, Herbert de Rosen nomma la visiteuse. C’était la reine de Palerme. Un peu plus grande et plus mince que sa cousine d’Illyrie, elle semblait avoir quelques années de plus. Ses yeux noirs, ses cheveux noirs relevés à plat sur le front, son teint mat, lui donnaient l’aspect d’une Italienne, bien qu’elle