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LES ROIS EN EXIL

pour le voyage. Simplement une distribution de prix académiques, cérémonie sans grand éclat et qui n’attire d’ordinaire que les familles des lauréats. Ce qui valait cette affluence exceptionnelle, cette poussée aristocratique aux portes de l’Institut, c’est qu’au nombre des ouvrages couronnés se trouvait le Mémorial du siège de Raguse par le prince de Rosen, et que la coterie monarchique en avait profité pour organiser une manifestation contre le gouvernement sous la protection de ses sergents de ville. Par une chance extraordinaire ou le fait de ces intrigues qui creusent mystérieusement en chemins de taupes les terrains officiels ou académiques, le secrétaire perpétuel se trouvant malade, le rapport sur les ouvrages couronnés devait être lu par le noble duc de Fitz-Roy, et l’on savait que, légitimiste jusqu’au blanc exsangue, il soulignerait, ferait valoir les passages les plus ardents du livre d’Herbert, de ce beau pamphlet historique autour duquel s’étaient groupés tous les dévouements, toutes les ferveurs du parti. En somme une de ces protestations malicieuses que l’Académie osait même sous l’Empire, et qu’autorisait l’indulgence bonne fille de la République.

Midi. Les douze coups sonnant à la vieille horloge occasionnent une rumeur, un mouvement dans la foule. Les portes sont ouvertes.