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LES ROIS EN EXIL

prince de Galles, » il était déjà dans son cabinet et les employés se signalaient l’un à l’autre par des clignements d’yeux l’étonnante bonne humeur du patron. Bien sûr il se passait quelque chose de nouveau. La paisible Séphora elle-même comprit cela derrière son grillage et s’informa doucement, en voyant entrer Tom :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Des choses !… dit l’autre dans un large rire silencieux, avec son tournoiement d’yeux des grandes occasions.

Il fit signe à sa femme :

— Viens !…

Et tous deux descendirent les quinze marches étroites et raides, doublées de cuivre, qui menaient à un petit boudoir en sous-sol fort coquettement tapissé et tendu, avec un divan, une toilette-princesse, éclairé au gaz presque constamment, le petit hublot par lequel l’endroit prenait jour sur la rue Royale restant fermé d’un verre dépoli épais comme un morceau de corne. De là on communiquait avec les caves et la cour, ce qui permettait à Tom d’entrer, de sortir, sans être vu, d’éviter les fâcheux et les créanciers, ce qu’en argot parisien on appelle les « pavés », c’est-à-dire des personnes ou des choses qui gênent la circulation. Avec des affaires aussi compliquées que celles de l’agence, ces ruses de Comanche sont