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d’armes à crispin de cuir, un homme vêtu de velours noir qui ressemblait à Colomb ou à Copernic décrivant des cercles magiques avec une cravache à pomme de diamant, pendant que derrière l’estrade, dans une odeur fade de poils et d’écurie, on entendait rugir les fauves de la ménagerie Garel. Toutes ces curiosités vivantes se confondaient avec celles que représentaient seulement des images, femmes géantes en tenue de bal, les épaules à l’air, les bras en édredon rose de la manche courte au gant étroitement boutonné, silhouettes de somnambules assises, regardant l’avenir, les yeux bandés, près d’un docteur à barbe noire, monstres, accidents de nature, toutes les excentricités, toutes les bizarreries, quelquefois abritées seulement de deux grands draps soutenus d’une corde, avec la tirelire de la recette sur une chaise.

Et partout, à chaque pas, le roi de la fête, le pain d’épice sous tous les aspects, toutes les formes, dans ses boutiques drapées de rouge et crépinées d’or, vêtu de papier satiné à images, noué de faveurs, décoré de sucreries et d’amandes grillées, le pain d’épice en bonshommes de plate et grotesque tournure représentant les célébrités parisiennes, l’amant d’Amanda, le prince Queue-de-Poule avec son inséparable Rigolo, le pain d’épice porté sur des corbeilles, des établis volants, répandant