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à chapeau, voilà tout ce qu’il nous reste… Dire que la marquise a fait ce grand voyage de l’exil, à pied, sur mer, en wagon, en voiture, avec son précieux carton à la main. C’était si drôle, si drôle !…

Et l’enfantillage reprenant le dessus, il se mit à rire de leur détresse comme de la chose la plus plaisante du monde.

Le duc ne riait pas, lui.

— Sire, dit-il si ému que toutes ses vieilles rides en tremblaient, vous me faisiez l’honneur de m’assurer tout à l’heure que vous regrettiez de m’avoir laissé si longtemps loin de vos conseils et de votre cœur… Eh bien ! je vous demande une faveur en retour… Tant que votre exil durera, rendez-moi les fonctions que j’occupais à Leybach, près de Vos Majestés… chef de la maison civile et militaire.

— Voyez-vous l’ambitieux ! fit le roi gaiement.

Puis avec amitié :

— Mais il n’y a plus de maison, mon pauvre général, pas plus civile que militaire… La reine a son chapelain et deux femmes… Zara, sa gouvernante… Moi j’ai emmené Boscovich pour la correspondance et maître Lebeau pour me raser le menton… Et c’est tout…

— En ce cas, je vais encore solliciter… Votre Majesté voudra-t-elle bien prendre mon fils Herbert pour aide de camp et donner à la