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— Comprenez-vous cela, général ? disait-il en riant… on a déjà voulu me faire acheter une maison… C’est un monsieur, un Anglais, qui est venu ce matin… Il s’engageait à me livrer un hôtel magnifique, meublé, tapissé, chevaux à l’écurie, voitures dans la remise, linge, argenterie, service, personnel, le tout en quarante-huit heures et dans le quartier qui me plairait le mieux.

— Je connais votre Anglais, Monseigneur : c’est Tom Lévis, l’agent des étrangers…

— Oui, il me semble bien… un nom dans ce goût-là… Vous avez eu affaire à lui ?

— Oh ! tous les étrangers en arrivant à Paris reçoivent la visite de Tom et de son cab… Mais je souhaite à Votre Majesté que la connaissance en reste là…

L’attention particulière avec laquelle le prince Herbert, dès qu’on parla de Tom Lévis, se mit à considérer les rubans de ses souliers découverts sur la rayure de ses bas de soie, le regard furtif que la princesse jetait à son mari, avertirent Christian que s’il avait besoin de renseignements sur l’illustre faiseur de la rue Royale, les jeunes gens pourraient lui en fournir. Mais en quoi les services de l’agence Lévis pouvaient-ils lui être utiles ? Il ne désirait ni maison, ni voiture et comptait bien passer à l’hôtel les quelques mois de leur séjour à Paris.

— N’est-ce pas votre avis, Frédérique ?