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— Pardieu ! vous, d’Axel, nous savons votre façon de siffler au disque, dit Christian, quand il eut compris cette expression passée de l’argot des mécaniciens dans celui de la haute Gomme… Vous n’avez pas de patience… Il vous faut des places ouvertes… le divan du Grand-Seize… Boute, pousse, enjambons… Mais moi je prétends qu’un homme qui se donnerait la peine d’être amoureux de Séphora, qui ne se lasserait pas des silences, des dédains… c’est l’affaire d’un mois. Pas davantage.

— Parie que non, dit d’Axel.

— Combien ?

— Deux mille louis.

— Je les tiens… Wattelet, demande le livre.

Ce livre sur lequel s’inscrivaient les paris du Grand-Club était aussi curieux et instructif dans son genre que ceux de l’antre Lévis. Les plus grands noms de l’aristocratie française y sanctionnaient les gageures les plus baroques, les plus niaises, celle du duc de Courson-Launay, par exemple, ayant parié et perdu tous les poils de son corps, obligé de s’épiler comme une mauresque, et pendant quinze jours ne pouvant ni marcher ni s’asseoir. D’autres inventions encore plus extravagantes ; et des signatures de héros, inscrites sur cent parchemins glorieux, venant se mésallier dans cet album de folie.

Autour des parieurs, plusieurs membres du