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eut surtout un succès de curiosité. Les critiques, semble-t-il, furent assez réservés.

En 1946 Fédor Ozep revient à la charge, cette fois pour le compte de Québec Production, maison récemment fondée par Paul Langlais et René Germain et dont les studios sont à Saint-Hyacinthe. Ozep y tourne La Forteresse, avec Paul Dupuis, Nicole Germain, Mimi Destée et Jacques Auger. La publicité de la compagnie ne se gêne pas pour annoncer « le premier film entièrement tourné dans le Québec avec une distribution canadienne-française ». Pourtant Ozep tourne simultanément une version anglaise du film, Whispering City, avec des comédiens américains, dont Paul Lukas. Le film sort d’abord dans sa version française et est diversement accueilli : presque tous les critiques soulignent la faiblesse du scénario. Jean Desprez, plus technique, lui reproche son « montagne chaoté ». Jacques de Grandpré, du Devoir, trouve pourtant raison d’espérer et conclut : « les facilités de production cinématographique seraient actuellement suffisantes au Canada pour la réalisation de longs métrages purement dramatiques en noir et blanc ». Quelques mois plus tard Whispering City, distribué par J. Arthur Rank, était présenté à travers le Canada et les États-Unis.

1947 : dans les studios de Québec Production toujours, un réalisateur hollywoodien, Phil Rosen, tourne un long métrage dramatique dont l’argument non dissimulé est de promouvoir l’éducation sexuelle. Sins of Fathers fut tourné très rapidement avec un budget limité et interprété par des comédiens montréalais dont John Pratt. Le film connaîtra une certaine notoriété par suite de son interdiction dans plusieurs pays.

En 1948 Renaissance Films se construit de vastes studios, chemin de la Côte-des-Neiges, à Montréal. Les journaux annoncent que le gouvernement fédéral songerait à créer un fonds d’aide à la production. Mais aide ou pas, Québec Production s’attaque à ce qui deviendra le grand film de son histoire : Un homme et son péché.

Roman paysan, célébré depuis plusieurs années déjà par la radio, Un Homme et son péché sera porté à l’écran par Paul