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Pour conclure


Au moment de conclure on se rappelle toujours certains noms dont on n’a pas fait mention : Camil Adam, auteur d’un beau portrait social (Au plus petit d’entre nous) et qui termine actuellement son premier long métrage dramatique ; René Bail, obscur pionnier, cinéaste amateur au plein sens du mot et auteur complet de deux films (Les Désœuvrés et Printemps) remplis de promesses ; on se rappelle avoir fait mention, mais trop brièvement de certains autres : Pierre Perrault, par exemple, qui termine actuellement une nouvelle expérience cinématographique et qu’on relègue trop au rang d’« étroit collaborateur », et dont le rôle se révélera peut-être bientôt décisif pour une partie de notre cinéma.

Au moment de conclure on craint de ne pas avoir suffisamment insisté sur les particularités du contexte ; de n’avoir pas expliqué au lecteur pourquoi tout le monde, ou presque, fait ses films à l’Office national du film ; de n’avoir pas souligné les incohérences du marché qui rend douteuse toute production de long métrage entreprise actuellement au Québec. Ces questions, le lecteur devra néanmoins les avoir à l’esprit, même si dans ces quelques pages nous avons préféré parler des hommes dont les efforts nous ont doté de quelques films et d’un cinéma naissant. Car le cinéma du Canada français n’est pas encore une institution : il repose sur la volonté (et le goût !) d’une petite poignée d’individus de faire des films. Ces individus sont les premiers a avoir « signé » des films au Québec et leurs œuvres nous ont communiqué une image de la vie aussi précieuse que celle que nos peintres et nos poètes nous communiquaient depuis beaucoup plus longtemps.