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à Montréal en 1933) est un homme de littérature ; pour cette raison, et pour d’autres sans doute, son œuvre filmé est sous le signe du dandysme. Fin causeur et esprit brillant, Godbout peut s’attaquer — ou faire semblant de s’attaquer — à tous les sujets. Il pourra signer aussi bien un documentaire correct (Les Dieux), une enquête sociologique (À Saint-Henri le 5 septembre), un portrait scolaire (Borduas), un document ethnographique (Rose et Landry), une saynète pour les copains (Fabienne sans son Jules), un album de belles images (Le Monde va nous prendre pour des sauvages), ou un reportage de télévision (Huit témoins).

Insaisissable parce que toujours fuyant, accablant à force de pitrerie, l’œuvre de Jacques Godbout n’en finit plus de commencer. Un bon « téléfilm » comme Huit témoins permet même de penser que cet éclectisme pourrait devenir une qualité très appréciable si l’intelligence ne devenait presque toujours cabotinage. À trop vouloir jouer pour la galerie, Godbout renonce peut-être à un talent de touche-à-tout qui aurait bien trouvé sa place dans notre cinéma.


Clément Perron

Clément Perron (né à Québec en 1929), qui travailla avec Raymond Garceau en 1958, est l’auteur d’un Jour après jour qui fit beaucoup parler de lui lors de sa sortie en 1962. Jour après jour, qui n’était plus candid, ni vraiment documentaire, mettait de l’avant une certaine approche proprement littéraire de la réalité et semblait redonner au cinéaste de l’O. N. F. un rôle de créateur plus exclusif. Le film devait beaucoup à la belle photographie de Guy Borremans et au montage habile d’Anne-Claire Poirier. Ses audaces nous apparaissent aujourd’hui bien timides et sa forme assez vaine. À part cet essai qui, malgré les réserves sus-mentionnées vaut assurément la peine que l’on s’y arrête, le travail de Clément Perron est d’un intérêt limité : quelques images bien senties, bien réelles, dans Les Bacheliers de la cinquième, la collaboration de Georges Dufaux pour Caroline, et c’est tout ; Frère Marie-Victorin et Salut, Toronto étant des devoirs de mauvais écolier.